18.4.15

habiter je

la plupart du temps, les images sont en absence : collection fragilisée par la mémoire qui s'ampute au fur et à mesure que le souvenir s'élabore.
j'oublie souvent mon appareil, trop lourd pour le sac à main.

ici, la cour intérieure, d'abord sous le soleil pâle du matin, le ciel de la ville traversé par les oiseaux des mers. Et l'aveuglement de 19 heures, depuis le bureau. bientôt, déjà en imagination, la chambre de l'adolescence : un quatrième étage sur la ville énorme, à écouter, dans la suspension de la nuit, le ronron du périphérique.
ici et là-bas, ces lieux imagés, compulsés dans des photographies obliques, sans que jamais ils ne révèlent vraiment leur secret, le secret de mon histoire. ces lieux toujours déserts, abandonnés pour n'être plus que le décor probable d'une vie dont on se serait déjà dérobé.

après l'hiver, un je se cherche : la petite place où les bus vrombissent sous la terrasse. toute la journée, la cacophonie sous un soleil presque déjà trop chaud. on ne s'entend plus penser.
même la ville énorme sait être plus silencieuse et se coucher quelques heures au pied de l'immeuble. on peut l'écouter respirer doucement au loin. même si c'est vrai, parfois encore, elle hurle dans mon sommeil.

je est dans la ville énorme. je n'est pas revenu en février.
je a omis de s'incarner, de s'habiter.
je est resté là, dans la lumière d'hiver, le regard perdu dans la contemplation du détail de branches noires sur un ciel presque blanc de banlieue, la répétition des immeubles de l'avenue dessinant la perspective d'un retour finalement raté.

Aucun commentaire: